Gaza « La violence engendre encore plus de violence »

Oliver Maksan, AED International

Adaptation Amanda Bridget Griffin, AED Canada

 

Montréal, le 21 juillet, 2014 – Le Père David Neuhaus, Jésuite et vicaire patriarcal de la communauté catholique de langue hébraïque en Israël, s’exprime au sujet des moyens à prendre pour les chrétiens pour sortir du conflit entre Israéliens et Palestiniens

Eu égard au conflit qui sévit à Gaza, le Père David Neuhaus a lancé une mise en garde selon laquelle il ne fallait pas considérer la violence comme moyen pour résoudre la crise. « Pour les Israéliens et les Palestiniens, la seule issue au conflit consiste à prendre conscience que la violence ne fait qu’engendrer encore plus de violence. Le seul résultat du bombardement de Gaza sera qu’encore plus de gens voudront se venger de la destruction de leur vie », a affirmé le vicaire patriarcal de la communauté catholique de langue hébraïque en Israël, dimanche dernier à Jérusalem, dans un entretien accordé à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse.

 

TERRE SAINTE-1Frères et sœurs dans la foi

« La communauté internationale devra certainement jouer un plus grand rôle dans le rapprochement des deux parties. Actuellement, l’ennemi majeur réside dans la conviction que la victoire résultera de la force militaire. Un premier pas pour sortir de la crise actuelle sera de reconnaître le fait que la force militaire engendrera simplement encore plus de violence », a poursuivi le Père Neuhaus, en enchaînant : « Les dirigeants israéliens, surtout ceux qui sont actuellement au pouvoir, semblent croire que les moyens militaires sont en mesure de résoudre le conflit. » Selon le vicaire patriarcal, le Hamas et ses pairs, pour leur part, propagent parallèlement le mensonge selon lequel la violence vaincrait Israël.

Le conflit risquerait de diviser les chrétiens de langue hébraïque et arabe vivant en Terre Sainte. « C’est là le grand défi ! Pouvons-nous être unis en tant que chrétiens, pas seulement en dépit du conflit, mais aussi dans l’esprit de notre message : de montrer que la fraternité, la paix et la réconciliation sont possibles ? », a demandé le Père Neuhaus. « Les Palestiniens chrétiens sont des Palestiniens à part entière, les chrétiens de langue hébraïque s’identifient entièrement à Israël. C’est tout à fait naturel, mais chacune des deux fractions doit se rappeler que de l’autre côté aussi, il y a des frères et sœurs dans la foi.

 

Favoriser les valeurs de l’Évangile

Les chrétiens de Beer-Sheva ne devraient pas oublier leurs coreligionnaires à Gaza et vice versa ! » Le Jésuite considère que chacun est appelé à se montrer solidaire avec la société dans laquelle il vivait. « Mais cette solidarité doit afficher un esprit critique et favoriser les valeurs de l’Évangile, comme la justice et la paix, le pardon et la réconciliation. Nous avons besoin en Terre Sainte d’un œcuménisme prophétique qui réunit les chrétiens au-delà des clivages politiques, de sorte que les chrétiens des deux côtés puissent apprendre à se connaître et ainsi confronter les sociétés dans lesquelles ils vivent à ce qu’ils ont appris. »

Dans ce contexte, le faible nombre de chrétiens autochtones se révèle être une bénédiction, parce qu’ils ne pourraient même pas prétendre se trouver du côté des puissants. Puis de poursuivre le Père Neuhaus : « Comme ils sont plutôt en marge, les chrétiens sont libres de développer un discours apte à faire progresser les valeurs enseignées par l’Évangile. »

 

Le Jésuite estime qu’un rôle important revient également aux chrétiens d’Occident. « Ils doivent se ranger du côté de ceux qui encouragent la compréhension et le dialogue ». « Mais le principal, selon cet ecclésiastique du Patriarcat latin de Jérusalem, serait qu’ils se rangent du côté d’un langage qui tenterait de décrire la réalité selon une nouvelle perspective. Il ne s’agit pas d’un territoire ennemi, sur lequel d’ennemis se font la guerre. Il s’agit de la terre où Dieu a placé les Juifs, les chrétiens et les musulmans – Palestiniens et Israéliens – Arabes, pas pour combattre, mais pour se reconnaître mutuellement comme frères et sœurs ».

 

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