COMMUNIQUÉ: Irak – « La passivité et le silence encourageront l’EI à causer encore plus de tragédies »

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Eva-Maria Kolmann, AED International

Adaptation Robert Lalonde,AED Canada

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Montréal/Bagdad, le lundi 25 août, 2014 – S.B. Louis Raphaël Sako, le patriarche chaldéen, a mis en garde contre une expansion de la violence de « l’État islamique » (ÉI). « Le silence et la passivité pourraient encourager l’ÉI à causer encore plus de tragédies ».

Il faudrait se poser la question « qui sera le suivant » à en être touché. Dans une lettre parvenue à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), il exige d’urgence « un soutien efficace international. »

Simultanément, le chef de l’Église catholique chaldéenne déplore que depuis le 6 août, il n’existe « toujours aucune solution concrète pour résoudre la crise à laquelle nous sommes confrontés », tandis que « l’afflux de moyens financiers, d’armes et de combattants rejoignant l’ÉI se poursuit ».

Jusqu’à présent, les mesures ayant été prises « n’auraient rien changé », « et le destin des personnes concernées serait toujours en suspens, comme si ces êtres humains n’étaient pas membres de l’humanité ». Il a souligné que la communauté internationale et notamment les États-Unis et l’Europe « ne pourraient pas rester indifférents à la situation en Irak en raison de leur responsabilité morale et historique ». Selon le patriarche, « la conscience du monde ne se rendrait pas totalement compte à quel point la situation est sérieuse ».

IRAK-1Mgr Sako a fait remarquer en outre que l’émigration des familles chrétiennes parmi les réfugiés entamait maintenant « la deuxième phase de cette catastrophe ». Voici comment il exprime la situation : « L’Irak perd une composante irremplaçable de sa société. (…) Nous respectons la décision de ceux qui souhaitent émigrer, mais en faveur de ceux souhaitant rester, nous soulignons notre longue histoire dans ce pays, qui y est profondément enracinée. Dieu a son propre plan pour notre présence dans ce pays et nous invite à promouvoir le message de l’amour, de la fraternité, de la dignité et d’une coexistence harmonieuse ».

La sécurité des gens dans cette région ne pourrait toutefois être assurée qu’à travers une collaboration entre la communauté internationale, le gouvernement central de l’Irak et le gouvernement régional du Kurdistan.

 

COMMUNIQUÉ: Aide à l’Église en Détresse (AED) – Une journée mondiale de prière pour la paix en Irak

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Eva-Maria Kolmann, AED International

Adaptation Robert Lalonde, AED CanadaIRAK-1

Montréal, jeudi le 31 juillet, 2014 – L’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse (AED) convie les habitants du monde entier à une journée de prière pour la paix en Irak le 6 août prochain, à savoir le jour de la fête de la Transfiguration.

Avec le patriarche des Chaldéens Louis Raphaël Sako, l’œuvre internationale fait appel à tous les « hommes de bonne volonté » pour « unir nos voix et nos cœurs devant le Seigneur afin d’implorer la paix », comme l’explique Mgr Sako dans son message écrit sur la journée mondiale de prière.

Nous unir à la souffrance de nos frères et sœurs

Johannes von HeeremanL’idée de cette initiative est née de l’appel du Saint-Père exhortant à mettre un terme à la violence en Irak, explique le président international de l’AED, Johannes von Heereman : « Dimanche dernier, à l’Angélus, le Pape François a lancé un appel à l’humanité entière ‘Arrêtez-vous, s’il vous plaît ! Je vous le demande de tout mon cœur. Le moment est venu de s’arrêter. Arrêtez-vous, s’il vous plaît !’ Cet appel pressant nous a incités à nous adresser non seulement aux chrétiens, mais aussi aux fidèles d’autres religions, à commencer par les différentes communautés musulmanes qui, à l’heure actuelle, souffrent particulièrement elles aussi des conséquences de la guerre, pour les convier à une prière de paix qui englobe la terre entière. Face à des souffrances telles que celles auxquelles nous devons assister en Irak, il est temps de nous unir à la souffrance de nos frères et sœurs et de montrer au monde que nous ne les avons pas oubliés ».

Dans son message, le patriarche Louis Raphaël Sako, qui a également rédigé la prière destinée à cette initiative, précise : « La fête de la Transfiguration est une fête de la métamorphose des cœurs et de l’esprit dans la rencontre avec la lumière de l’amour de Dieu pour l’humanité. Puisse la lumière du Thabor, grâce à notre proximité, emplir de réconfort et d’espoir les cœurs de tous ceux qui souffrent. Puisse le message du Thabor, par nos prières, inciter les dirigeants du pays à sacrifier leurs intérêts personnels à l’intérêt général. »

Veuillez prendre note que l’AED étudie actuellement une façon d’acheminer de l’aide matérielle aux réfugiés iraquiens.

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Éthiopie : « Je veux être prêtre ! »

Par Eva-Maria Kolmann, AED International

Adaptation par Amanda Bridget Griffin, AED Canada

© AED/ACN

© AED/ACN

Le Père Hagos Hayish, Secrétaire général de la Conférence épiscopale catholique éthiopienne, raconte comment il a trouvé sa vocation et comment il l’a suivie en des temps difficiles.

C’est tout excité que le jeune Hagos, cinq ans, accourut vers sa mère pour lui dire : « Maman, Maman, la Mère de Dieu est sur la rivière ! Les prêtres ont chanté pour elle ! Ils ont de si jolis vêtements colorés ! Moi aussi, je veux être comme eux ! » La mère se mit à rire : « Mais Hagos, ce n’est pas la Mère de Dieu ! Les orthodoxes célèbrent aujourd’hui la fête de Timqet. Ils célèbrent le baptême de Jésus dans la rivière ! » À partir de ce jour-là, pour Hagos Hayish, c’était clair : « Je veux être prêtre ! »

Dans sa famille, la foi joue depuis toujours un rôle important. « Cela fait longtemps que toute ma famille est catholique. Mes parents et grands-parents m’ont souvent raconté les récits passionnants des missionnaires. Le soir, quand la nuit tombait, mon père nous appelait tous, ses onze enfants. Nous nous rassemblions autour de lui pour écouter. Il nous jouait tout d’abord quelque chose à la flûte, puis il nous racontait des histoires sur des gens, des animaux, sur Dieu, et même sur des prêtres. Et enfin, il nous enseignait le catéchisme par un jeu de questions et de réponses. Il nous préparait ainsi à la première Communion. Si je m’étais disputé avec un ami et que je le racontais à mes parents, mon père insistait pour que je règle le conflit et que j’y mette un terme. »

Le dimanche, Hagos va à l’église avec ses parents. Le chemin est trop long pour aller aussi en semaine à la messe. Il y a jusqu’à l’église paroissiale plus de onze kilomètres à l’aller comme au retour, soit au total plus de 22 kilomètres de marche. Mais Hagos aime aller à l’église. « Je ne comprenais pas tout, mais j’aimais surtout les images. L’icône de Saint-Georges me plaisait tout particulièrement », se souvient-il aujourd’hui.

Le garçon commence l’école à six ans. Il peut sauter une classe, il apprend si bien ! Mais après avoir terminé l’école primaire, son père dit : « Maintenant, tu as assez étudié. Tu peux désormais lire et écrire comme moi. C’est suffisant ! J’ai besoin de quelqu’un pour garder les chèvres. » Hagos pleure encore et encore. Enfin, il veut devenir prêtre ! Il demande à son oncle de servir d’intermédiaire entre lui et son père. Même le curé de la paroisse intervient. Il peut envoyer deux garçons du village au petit séminaire où les jeunes sont préparés pour leur admission au séminaire, « Le » séminaire. Trois garçons du village ont posé leur candidature. « Que faire, si je n’obtiens pas la place ? », s’interroge Hagos, qui a maintenant presque treize ans, les larmes aux yeux. Finalement, il gagne le gros lot. Hagos est parmi les deux veinards qui ont la chance d’aller au petit séminaire. Au début, il a le mal du pays, mais il se réjouit de pouvoir suivre sa vocation.

Les temps sont difficiles : il y a la guerre civile en Éthiopie. Le régime communiste du dictateur Mengistu Hailé Mariam force les élèves et les étudiants à faire leur service militaire. Les séminaristes sont eux aussi menacés par ce destin. Pendant les vacances, il leur est difficile de rentrer à la maison, parce qu’il faut des autorisations spéciales pour se rendre d’un endroit à un autre.

En 1985, Hagos Hayish rentre au séminaire après avoir obtenu son baccalauréat. C’est l’époque de la famine dévastatrice dont les images terrifiantes circulent dans le monde entier. La conscription menace encore une fois le séminariste – cette fois-ci, à cause de la guerre contre l’Érythrée. Les jeunes hommes doivent se cacher.

© AED/ACN

© AED/ACN

Lorsque Mère Teresa visite l’Éthiopie pour se faire une idée de la famine, elle rend également visite aux futurs prêtres. Hagos est le plus jeune d’entre eux, de même que le plus petit par la taille. C’est pourquoi il est au premier rang pour saluer la célèbre « ange des pauvres ». « Veux-tu devenir prêtre ? », lui demande Mère Teresa. Sa réponse est « oui ! ». « Veux-tu devenir un bon prêtre ? Si oui, alors continue ! Sinon, alors quitte le séminaire aujourd’hui même ! » Mais pour Hagos, c’est clair : « Je veux être un bon prêtre. »

Les temps deviennent de plus en plus difficiles. « J’ai vu beaucoup de gens mourir », se souvient-il. A cette époque, le gouvernement décida de déplacer de force des centaines de milliers de personnes. Beaucoup périrent. Le père de Hagos devait être déplacé, mais il a été sauvé à la dernière minute.

Au cours de la deuxième année que Hagos passe au séminaire, il est convoqué à une visite médicale. Maintenant, le service militaire le menace vraiment. Après la visite médicale, il doit aller chercher son certificat de santé. Mais l’homme chargé de lui remettre le document ne trouve pas son nom sur la liste. Quelqu’un avait écrit « Hagosa » au lieu de « Hagos ». Il s’agit de la forme féminine de son prénom. « Les femmes ne vont pas à l’armée. Sacré veinard, tu n’es pas sur la liste ! Va-t’en d’ici ! » lui dit l’homme. Encore aujourd’hui, Hagos Hayish déclare avec émerveillement : « Dieu a guidé la main d’un homme pour qu’il se trompe en écrivant mon nom ». En le voyant revenir au séminaire, le recteur le serre dans ses bras.

Il rejoignit l’ordre des Vincentiens et fut ordonné prêtre le 11 novembre 1990. Mais en 1998, la guerre éclata entre l’Éthiopie et son voisin l’Érythrée, qui avait déclaré son indépendance de l’Éthiopie en 1993. En fait, Abba (ce qui veut dire « Père ») Hagos devait écrire sa thèse, mais pour lui, la décision était claire : en 1999, il se déclara volontaire pour travailler dans le nord du pays, car c’est là que les gens souffraient le plus de la guerre. Même sa famille avait été déplacée. Son père avait été enlevé par le gouvernement érythréen. Il n’y avait pas la moindre trace de lui. Dans ces circonstances, Abba Hagos n’avait pas envie de retourner à l’Université. Il reprit la paroisse de Nkala. Il passait une semaine en paroisse et l’autre dans les montagnes, où beaucoup de réfugiés et de personnes déplacées avaient trouvé refuge. « Il y avait des coups de feu tous les jours, la mort était constamment présente. J’entendais tout le temps les gens en confession, parce qu’ils ne savaient pas s’ils vivraient ou non encore un jour de plus. Tout le monde se préparait à mourir. »

Un jour, l’archevêque d’Addis Abeba lui-même est venu réconforter les réfugiés. Il a promis au peuple : « Vous rentrerez dans vos paroisses ! » Abba Hagos s’en souvient exactement : « Les gens étaient heureux, mais certains demandaient : Où est la Vierge ? Nous n’entendons plus la cloche de l’église Sainte Marie. Que se passe-t-il ? et les enfants chantaient : où est la Sainte Vierge, où est la Sainte Vierge ? Mgr. Berhaneyesus Demerew Souraphiel leur répondit : Notre Dame est ici avec vous ! »

Un mois après la visite de l’archevêque, les réfugiés ont pu rentrer dans leurs villages détruits. « Tout était cassé, les maisons détruites, les arbres coupés, il y avait des mines partout. 70 000 personnes étaient mortes », raconte Abba Hagos. Cependant, sa famille avait à nouveau été protégée, vu que son frère était revenu sain et sauf de la guerre et que son père avait été libéré après deux ans de prison.

Aujourd’hui, le Père Hagos peut faire le bilan de près d’un quart de siècle de ministère sacerdotal. « La vocation est un don de Dieu, mais je l’ai reçue par le biais de ma famille » dit-il tout ému.

L’Église catholique compte environ 700 000 fidèles en Éthiopie. Les catholiques représentent à peine un pourcent de la population. Malgré ce faible nombre, l’Église est très active. C’est ainsi qu’elle gère 203 écoles maternelles et 222 écoles qui sont ouvertes aux enfants et adolescents de toutes les confessions et religions. Elles sont fréquentées par presque 180 000 enfants. Au moyen de ces écoles, l’Église voudrait établir un pont entre les peuples et les cultures. Quatre universités rassemblant plus de 7.000 étudiants sont également entre les mains de l’Église catholique. L’année dernière, l’Œuvre internationale catholique de bienfaisance « Aide à l’Église en Détresse » a soutenu l’Église catholique en Éthiopie à hauteur de plus de $1.71 CAN.

 

© AED/ACN

© AED/ACN

 

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE:   Centrafrique « La République centrafricaine risque de devenir une plaque tournante du terrorisme »

Eva Maria Kolmann, AED International

Adaptation Amanda Bridget Griffin, AED Canada                                                        

 

Montréal, le mercredi 25 juin, 2014 – La crise actuelle risque de faire de la République centrafricaine une « plaque tournante du terrorisme et du fondamentalisme » : voilà ce que signalait le père Aurelio Gazzera vendredi dernier (20 juin) devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. Dans son intervention, ce carme italien qui œuvre depuis 22 ans dans le pays, expliquait que « Boko Haram et Al Qaïda se rapprochent de plus en plus ». Selon lui, le rôle de la communauté internationale est « fondamental ». Mais jusqu’à présent, cette communauté n’a pas « réussi à faire changer les choses ».

 

 Père Aurelio Gazzera © Aide à l’Église en Détresse


Père Aurelio Gazzera
© Aide à l’Église en Détresse

Agir concrètement sur le terrain

Le père Gazzera a exigé des interventions plus rapides et plus efficaces : « Ces derniers mois, j’ai assisté au cruel engrenage des conflits ethniques et communautaires. Cet engrenage qui fait fuir la population locale, qui sème la terreur, et ceci avec une telle rapidité que la communauté internationale, même si elle agit avec célérité et autorité, arrive trop  tard. Beaucoup trop tard pour aider les gens sans défense et arrêter les hommes armés ». Bien souvent, la communauté internationale arrive seulement « pour stabiliser un état de fait qui vient d’être imposé par les différents groupes de rebelles ».

Diverses initiatives locales en faveur de la médiation pour la paix ont en revanche été couronnées de succès, comme dans la ville de Bozoum dans le nord-ouest du pays où travaille le père Aurelio Gazzera. Selon ses propos, l’État est absent. « À Bozoum, il n’y a pratiquement pas de gendarmerie ni de police et en général, l’autorité des fonctionnaires et des forces de l’ordre y est nulle. Toutes les fois qu’il y a des rumeurs de menaces ils prennent la fuite. » Voilà la raison pour laquelle le père Gazzera a créé un comité de médiation en décembre dernier en coopération avec deux imams, un pasteur protestant et des bénévoles issus de la population. Grâce à des négociations avec tous les groupes impliqués, il a été possible « d’atténuer les violences de la Séléka ». Cette action a même amené, en janvier de cette année, la Séléka à se retirer de la ville.

 

En se fixant l’objectif de travailler pour la paix, les membres du comité « s’exposent à des risques ». Le père Gazzera a été giflé par des rebelles, on lui a également jeté des pierres et les rebelles lui ont tiré dessus avec des kalachnikovs. Malgré cela, « une poignée d’hommes et de femmes ont réussi à empêcher un millier de rebelles de détruire entièrement la ville de Bozoum ». Le carme italien a souligné que face à ces événements, il n’importe pas seulement de mener des négociations au niveau gouvernemental, mais qu’il faut surtout être à l’écoute « de ceux qui agissent concrètement sur le terrain. »

 

 

La bonne volonté n’est pas toujours suffisante

 

Toujours actif, le comité a créé un numéro sans frais pour signaler les violences. Un comité des sages a également été mis en place pour « régler les problèmes qui, en raison de l’absence de tribunal et de personnel, l’administration de la justice serait aux mains des groupes armés ».    Le père Gazzera a rappelé le rôle des médias et d’Internet en particulier : « ils représentent un outil exceptionnel pour informer et faire passer les nouvelles. À travers les courriels, les blogues, les réseaux sociaux, nous avons tissé des liens qui sont précieux et qui peuvent faire changer les choses. »

 

© Aide à l’Église en Détresse

© Aide à l’Église en Détresse

Pour conclure, le missionnaire a ajouté : « Ce qui importe le plus, à mon avis, c’est la reconstruction des cœurs : à travers l’école, les formations et l’information. Nous avons besoin aussi d’un savoir-faire. Il y a des gens de bonne volonté. Mais la bonne volonté n’est pas toujours suffisante ! Nous avons besoin de comprendre ce qui a amené le pays dans ce gouffre, de connaître et de reconnaître les erreurs du passé, mais aussi d’analyser la situation, pour pouvoir inventer et créer un avenir de paix. »

En raison de son expérience dans les négociations de paix, le père Gazzera a également participé ces dernières semaines au « Forum d’Oslo », l’une des rencontres internationales du plus haut niveau, qui s’est déroulé les 18 et 19 juin à proximité de la capitale norvégienne. À cette occasion, lors d’une table ronde avec la présidente de la République centrafricaine, Catherine Samba-Panza, le missionnaire a à nouveau exposé ses expériences dans le domaine de la médiation.

 

Sur invitation de l’œuvre internationale de bienfaisance catholique « Aide à l’Église en Détresse », le père Gazzera avait déjà apporté, en avril et mai derniers, des informations sur la situation en République centrafricaine à des hommes politiques de l’UE à Bruxelles ainsi qu’à des diplomates accrédités près le Saint-Siège à Rome.

 


COMMIUNIQUÉ : Irak – L’AED accorde 150 000 $ de fonds d’urgence aux réfugiés de Mossoul

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Eva-Maria Kolmann, AED International

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Montréal, jeudi 19 juin 2014 –  L’Aide à l’Église en Détresse a accordé une première aide d’urgence de 150 000 $ aux chrétiens qui ont fui Mossoul à la suite des attaques djihadistes perpétrées début juin.

Selon les informations de Mgr Emil Shimon Nona, archevêque chaldéen de Mossoul, à la suite de la recrudescence des combats, tous les quelque 3 000 habitants chrétiens de Mossoul auraient immédiatement fui la ville et se seraient réfugiés dans la plupart des cas dans des villages situés dans la plaine de Ninive, située tout proche. L’Église hébergerait provisoirement les réfugiés dans des établissements scolaires, des salles de catéchèse et des maisons abandonnées. On ne sait pas « si toutes les familles pourraient jamais retourner à Mossoul ».

L’aide d’urgence est destinée aux premiers secours et soins élémentaires aux réfugiés qui ont abandonné tous leurs biens à Mossoul. Entre-temps, certains chrétiens seraient retournés à Mossoul, mais la plupart des familles auraient peur et resteraient dans leurs abris de fortune. L’archevêque dit qu’actuellement, l’Église s’occuperait d’un millier de familles déplacées.

IRAK 2BRegina Lynch, directrice de projet pour l’Aide à l’Église en Détresse (AED), déclare : « Nous sommes très proches de cette Église et partageons ses malheurs et ses préoccupations depuis 1983. Cette souffrance interminable est une plaie béante pour nous. Plus que jamais, les chrétiens d’Irak doivent savoir que les chrétiens des autres pays du monde ne les abandonnent pas, mais prient pour eux et les soutiennent dans la mesure de leur possible. En sus des projets en cours que nous suivons déjà, nous aimerions envoyer cette aide d’urgence pour montrer notre solidarité à nos frères et sœurs. »

Le 5 juin, des membres présumés de l’organisation terroriste ISIS (« État islamique en Irak et au Levant ») avaient commencé l’invasion de Mossoul, deuxième plus grande ville de l’Irak. La moitié des habitants de la ville, dont la totalité de la population de chrétienne, se sont enfuis. Entre-temps, les djihadistes continuent d’avancer en Irak et envahissent progressivement de plus en plus de villes.

Au cours des cinq dernières années, l’AED a accordé des soutiens à hauteur d’environ 3,54 millions de dollars en Irak.

Irak – « À Erbil, les églises sont pleines à craquer »

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©AED/ACN

Le départ dans le nord de l’Irak de chrétiens ayant précédemment vécu dans d’autres régions du pays pose de grands défis à l’Église, comme le constatait Mgr Bashar Matti Warda, archevêque d’Erbil, dans un entretien accordé à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse (AED).

En raison de la meilleure situation en termes de sécurité qui règne dans la Région autonome du Kurdistan, 12 000 familles chrétiennes de Bagdad, de Mossoul et d’autres villes irakiennes ont choisi déjà ces dernières années de s’installer dans l’archidiocèse d’Erbil. « À Bagdad et en d’autres lieux, les gens ne sont toujours pas certains de pouvoir rentrer chez eux le soir, parce qu’ils pourraient être victimes d’attentats à la bombe, d’assassinats ou d’enlèvements », a déploré Mgr Warda.

Pour l’Église catholique, cela signifierait que des paroisses à Bagdad et à Mossoul doivent être fermées parce que les paroissiens partiraient, tandis qu’à Erbil, il faut dresser des tentes  parce que les églises sont trop petites pour accueillir tout le monde. L’archevêque a poursuivi : «  Bien que nous ne disposions pas de l’infrastructure qui s’imposerait pour faire face à une telle augmentation du nombre de personnes dans les communautés catholiques, les nouveaux arrivants continuent d’affluer. Dans leurs paroisses d’origine, ils étaient habitués à participer tous les jours aux offices religieux ou aux catéchèses. Ils n’y renoncent pas ici. Il nous faut donc d’urgence construire de nouvelles églises et édifier des locaux pour la catéchèse et les autres activités de la vie religieuse. »

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L’archevêque a dépeint la situation en Irak comme un amalgame de « problèmes historiques, économiques, sociaux, religieux et politiques », sachant que les circonstances sont trop complexes pour en saisir toute la portée. « Si je tente aujourd’hui d’expliquer ce qui se passe ici, la réalité peut déjà se présenter tout différemment demain », affirme-t-il.

La guerre aurait divisé la société et engendré « la réapparition de conflits non résolus soudainement resurgis du passé ». En outre, comme l’Irak est entouré de pays qui souffrent également d’une multitude de conflits, il s’ensuivrait que l’Irak même « ne mènerait souvent pas ses propres guerres. »

L’AED soutient plusieurs projets dans l’archidiocèse d’Erbil, notamment la construction de l’église « Notre-Dame du Perpétuel Secours » à Ankawa, un quartier d’Erbil, ainsi que plusieurs projets consacrés au catéchisme

COMMUNIQUÉ : République centrafricaine – « La paix est encore très loin »

Eva-Maria Kolmann, AED InternationalCENTRAFRIQUE-1

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Montréal, mercredi 4 juin 2014 – Le Père Federico Trinchero, prieur du monastère des Carmes de Notre-Dame de Bangui, exige une solution rapide du conflit qui sévit en République centrafricaine.

Dans un entretien accordé à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse, il a déclaré : «  En République centrafricaine, le peuple attend une véritable solution politique. Mais une telle solution n’aboutira à un résultat positif que si elle n’accepte aucun compromis envers quiconque usera de la violence ou répandra un esprit de vengeance ». La population serait « vraiment lasse et découragée » et ne croirait plus à aucune promesse, a poursuivi le Carme italien. Les troupes armées étrangères seraient incapables d’agir efficacement et arriveraient souvent trop tard.

Une violente attaque a été perpétrée le 28 mai dernier contre l’église Notre-Dame de Fatima à Bangui, la capitale centrafricaine, au cours de laquelle au moins 18 personnes ont été tuées, tandis que plus de 40 personnes ont été prises en otages et enlevées. Leur sort reste incertain. Ce regain de violences montrerait bien que « la paix est encore très loin ». L’église qui avait été attaquée ne se situe qu’à quelques kilomètres du monastère des Carmes.

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Certes, la situation autour du monastère serait en ce moment relativement calme, mais l’attaque aurait engendré un nouvel accroissement du nombre de réfugiés. L’intérieur du périmètre du monastère héberge plus de 7000 personnes déplacées et constitue donc l’un des plus grands camps de réfugiés de la capitale. « Nous espérons que les réfugiés pourront bientôt retourner chez eux, mais nous n’en voyons pas la fin. » Depuis décembre 2013, le réfectoire du monastère a donné lieu à la naissance de 30 bébés. Par moments, plus de 15 000 réfugiés vivaient sur la concession du monastère.

CENTRAFRIQUE-3« Je crains que le processus de réconciliation ne prenne des années. La rupture qui s’est produite dans le pays est très profonde. Mais j’espère qu’il sera possible de mobiliser les forces vitales de la jeunesse afin qu’elle prenne en main l’avenir de leur pays », poursuit le Père Trinchero. « L’Église ne reste pas passive et poursuit sa mission. Cela pourrait toutefois en déranger plus d’un parmi ceux qui n’aiment pas la paix. »

Russie – « Je suis un témoin de Dieu, pas un procureur »

Cela fait 16 ans que le prêtre orthodoxe Igor Pokrovskij est aumônier des prisons. Au fil des  années, il a baptisé presque 400 détenus. 

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©AED/ACN

Eva-Maria Kolmann, AED International

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Il y a 700 000 détenus qui sont incarcérés dans les 755 centres de détention et camps d’internement de l’immense territoire couvert par la Fédération de Russie.

L’AED soutient l’aumônerie des centres de détention en Russie à travers des fonds destinés à la construction de chapelles et grâce à la diffusion de littérature religieuse. Peter Humeniuk, responsable de la Russie auprès de l’AED, déclare : «  L’église orthodoxe est l’une des rares institutions en Russie à agir pour le bien des détenus. Les chapelles sont accueillies avec beaucoup de gratitude, tout comme les livres religieux. Dans cet environnement rude, il s’agit là d’une grande consolation. C’est merveilleux que des êtres humains trouvent ainsi le chemin vers Dieu. »

Le défi principal de la pastorale

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©AED/ACN

Le Père Igor Pokrovskij  est l’un des prêtres travaillant dans l’aumônerie des prisons. Voici comment il parle des débuts de cet apostolat à Nijni Novgorod : « Lorsque nous avons entamé nos activités pastorales dans le centre de détention en 1998, nous n’avions qu’une petite pièce dans la buanderie pour prier. Nous avons acheté de la peinture pour rafraîchir les murs. Des détenus talentueux ont ensuite peint des icônes sur les murs. Dans une petite pièce séparée, j’entendais la confession des détenus. Très bientôt, j’ai pu observer de nombreux changements dans les âmes des prisonniers. Six mois plus tard, un groupe d’entre eux se retrouvait déjà de manière autonome pour la prière du matin ou du soir. Lorsque j’arrivais le dimanche pour célébrer la Sainte liturgie, ils s’étaient préparés à la confession et à recevoir l’eucharistie en jeûnant et en priant durant la semaine. » Les détenus sont également responsables du service de la sacristie et de l’ordre dans la chapelle. C’est une tâche qui requiert un degré de fiabilité élevé.

Selon l’expérience du Père Pokrovskij, le défi principal de la pastorale dans les prisons consiste à faire en sorte que les détenus reconnaissent leur culpabilité pour ensuite vraiment changer leurs vies. Certains ont peur d’assumer leur crime, même face à un prêtre. « Alors je leur dis queje suis un témoin de Dieu, pas un procureur et que je suis mandaté pour absoudre leurs fautes en Son nom. Mais pour cela, il leur faut les reconnaître devant Dieu. C’est nécessaire pour obtenir le salut afin que l’âme guérisse du péché. »

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©AED/ACN

Le centre de détention où travaille le Père Pokrovskij est doté d’une vraie chapelle. Au fil des années, le prêtre a baptisé presque 400 détenus. De nombreux anciens détenus, suivis pendant des années par le Père Pokrovskij, ont depuis été libérés. Il les a mariés, a baptisé leurs enfants, et nombre d’entre eux viennent tous les dimanches assister à la messe à l’église. « Nous avions ici un homme ayant travaillé dans un service public local qui expiait une peine pour cause de corruption. Auparavant, il affichait une attitude hostile envers l’Église. Si quelqu’un souhaitait édifier un lieu de culte dans son district, il lui en refusait l’autorisation. Depuis sa libération, on le voit régulièrement à la messe ».

Retrouver le droit chemin

Certains des anciens détenus, parvenus à reconstruire une vie professionnelle couronnée de succès, soutiennent aussi le travail de l’Église à travers des dons financiers, et sont même devenus de véritables bienfaiteurs. D’autres témoignent de leur attachement par des petits gestes : « Nous avions un homme en prison – il s’appelait Aleksandr – détenu pour homicide. C’était un artiste de talent. Aleksandr s’est converti en prison et a bénéficié d’une libération anticipée pour bonne conduite. Il s’est marié, est allé vivre dans un village. Aujourd’hui, il a trois enfants et m’apporte chaque année deux oies le jour de Noël. »

Il y a aussi toutefois des détenus qui ne se rendent à la chapelle seulement pour obtenir un certificat de bonne conduite avec de bonnes mentions ou d’autres avantages. Cependant, cela ne trompe pas le prêtre expérimenté : « Ces gens-là, je les distingue immédiatement des autres. On voit qu’ils sont faux. »

Le Père Pokrovskij a d’ailleurs déjà été menacé de mort par un détenu. En revanche, ses expériences ont plutôt été positives : « En fait, beaucoup de gens tombés dans la délinquance ont une attitude favorable envers l’Église. D’après mon expérience, comme ils ont péché, ils réfléchissent profondément au sens de la vie. Les gens chez qui tout se passe bien pensent souvent qu’ils n’ont pas besoin de Dieu ». Aussi surprenant que cela puisse paraître au premier abord, c’est pourtant exactement ce que Jésus-Christ dit dans les Évangiles : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. »

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©AED/ACN

Le Père Pokrovskij regrette que certaines personnes pourtant dotées de nombreux dons et talents, qu’elles pourraient mettre en œuvre pour le bien de la société, s’égarent du droit chemin et exploitent mal leur intelligence et leurs dons. Selon lui, cela s’expliquerait par le vide spirituel qui règne aujourd’hui chez beaucoup de gens. Le temps passé en prison avec un suivi pastoral de l’aumônier est une chance pour beaucoup d’entre eux de retrouver le droit chemin.