VOYAGER AVEC L’AED – SYRIE

VOYAGER AVEC L’AED est le titre de l’infolettre qui sera diffusée chaque vendredi sur notre blogue. Cette nouvelle hebdomadaire sera pour nous l’occasion de vous faire connaître tantôt les besoins de soutien qu’a l’Église, tantôt les projets que nous avons réalisés, et ce, dans les pays du monde entier.

Aujourd’hui:    SYRIE

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« Notre existence est en jeu »

En 1860, la société de Saint-Vincent de Paul s’est établie au Liban. Les filles de la charité sont également actives à l’Alep, en Syrie, depuis 1898. Mais jamais dans leur histoire leur situation n’a été aussi mauvaise et catastrophique qu’actuellement.

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©Aide à l’Église en Détresse

Sœur Ella Bitar, qui nous écrit du Liban pour ses sœurs coupées du monde, raconte : « L’existence et la continuation de l’Association caritative Saint Mansour (c’est ici le nom de la Société de Saint-Vincent de Paul, pour des raisons juridiques) sont en jeu ». Et donc le sort des 31 résidents de la maison de retraite et de ses dix employés. Ils étaient très heureux dans leur spacieux foyer au cœur de la vieille ville d’Alep où ils disposaient de tout ce dont ils avaient besoin – trois repas par jour et une prise en charge par le personnel soignant et médical. Ils avaient la possibilité d’aller à la messe dans le foyer, et utilisaient le toit pour se reposer en plein air jusqu’à l’arrivée des tireurs embusqués. Heureusement, jusqu’à présent, seul le bâtiment a subi des dégâts, mais aucun résident du foyer n’a jamais subi de préjudice.

Même la sécurité de l’approvisionnement est un problème énorme en raison de l’embargo. Avant la guerre, 150 à 300 livres syriennes (environ 7.50 $) par jour et par résident étaient suffisants. Aujourd’hui, il faut 2 500 à 3 500 livres syriennes (environ 23 $). Depuis longtemps la nourriture ne parvenait plus en ville que par quelques rues passées sous le contrôle intégral des terroristes. Mais très récemment, l’armée a libéré ces rues, permettant ainsi qu’on puisse les emprunter. La plupart du temps, on a recours à un générateur électrique privé, car l’approvisionnement en électricité n’est pas fiable. Or, les prix de l’essence et du mazout ont explosé, et il en faut pour se chauffer pendant l’hiver et faire fonctionner le générateur.

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©Aide à l’Église en Détresse

Le plus grave problème est cependant celui de l’eau. En mai, par exemple, l’approvisionnement en eau a été complètement interrompu pendant 12 jours. L’achat d’eau minérale est devenu nécessaire… causant des efforts, des soucis et des frais supplémentaires. C’est pourquoi les filles de la charité voudraient creuser leur propre puits, pour être indépendantes. Un forage de 100 à 150 mètres sera pour cela nécessaire. Son prix est de 17 à 23 $ par mètre. « Par ces temps incertains, il est tout simplement impossible de faire des prévisions plus précises », estime Sœur Ella avec réalisme. « Il n’y a pas à attendre d’aide de notre entourage et nos sources de revenus diminuent. Les plus aisés ont déjà quitté Alep, et même le pays. »

Nous aimerions libérer les sœurs de leurs soucis et nous avons encore besoins de 3.500 $.

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Syrie – « Notre Église est en danger »

« L’Aide à l’Église en détresse » soutient les chrétiens de Homs, sévèrement touchés par la guerre.»

Sœur Maria de Nazaret a accepté une mission très difficile. Cela fait maintenant deux mois que cette religieuse originaire d’Argentine et membre de la congrégation de l’Institut du Verbe incarné vit à Alep, ancienne métropole de quelque 1,6 million habitants au nord de la Syrie, et aujourd’hui comme depuis des années l’objet d’âpres combats.

© AED Sœur Maria de Nazaret

© AED Sœur Maria de Nazaret

Avant d’aller à Alep, Sœur Maria de Nazaret a longtemps travaillé à Gaza-Ville. Elle connaît donc les zones névralgiques du Proche-Orient. « Notre mission dans ce pays est très spéciale. Nous sommes constamment confrontées à la souffrance des gens. La guerre affecte profondément la dignité humaine. La violence leur fait perdre leurs proches, leur liberté et leurs droits. Viennent s’y ajouter la pauvreté et le manque de besoins aussi fondamentaux que l’électricité et l’eau », raconte la jeune religieuse.

Nous avons besoin de prières

Avec quelques autres religieuses, elle vit au vicariat apostolique des Latins à Alep. Il régit les catholiques romains de Syrie. « Nous travaillons dans un foyer pour des jeunes filles qui étudient à l’université. Cette institution appartient au vicariat. Nous nous occupons en outre de la sacristie et de la liturgie dans la cathédrale, ainsi que des fidèles qui se rendent à la cathédrale. La tâche principale des personnes ayant dédié leur vie à Dieu en des endroits comme celui-ci consiste à écouter les gens qui parlent de leurs souffrances, à les encourager par des paroles d’espoir et à les aider le mieux possible à satisfaire à leurs principaux besoins. Il est certain que seules les paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ parviendront à réaliser le miracle de refaire germer l’espoir dans ces âmes. »

© AED

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Sœur Maria de Nazaret place ici toute son espérance dans la prière. Elle remercie expressément les bienfaiteurs de l’Aide à l’Église en Détresse de leurs prières « Je vous en prie, priez chaque jour pour nous. Nous en avons besoin. Mais nous aussi nous vous incluons dans nos prières quotidiennes. » Déjà lors du trajet dangereux à Alep, Sœur Maria de Nazaret a pu se convaincre de ses propres yeux des ravages que cette guerre a infligés depuis plus de trois ans au pays. « Nous avons vu beaucoup de villes entièrement détruites et inhabitées. La guerre est vraiment une chose terrible et cruelle. »

La foi persiste

© L’archevêque Mgr Jean Abdo Arbach

© L’archevêque Mgr Jean Abdo Arbach

L’archevêque Mgr Jean Abdo Arbach en est conscient. Le pasteur grec-catholique de Homs a raconté à l’AED à quel point son diocèse est durement touché. Des douzaines d’églises, dont certaines datent du 4e siècle, sont endommagées ou détruites. « Le 20 février 2014, une bande armée a pénétré de nuit dans l’Église de Notre-Dame de Yabroud, qui date du 4e siècle. Ils ont détruit tout l’aménagement intérieur, réduit la croix en morceaux, jeté les icônes par terre et arraché les pages de l’évangéliaire. Ensuite, la bande a brûlé l’autel », achève l’archevêque. Cependant, d’autres églises n’ont pas été détruites par les rebelles, mais par l’armée syrienne. Mgr Arbach avance l’exemple de l’église Saint-Georges de Nabek, détruite en novembre 2013 par des bombardements  de l’armée.

L’infrastructure des diocèses telle que les églises, monastères et presbytères n’est pas la seule à souffrir une grande détresse. Dans cette région qui, dès le début de la guerre civile, a compté parmi celles où les combats pour la domination étaient les plus violents, ce sont surtout les êtres humains qui souffrent. « Jusqu’à présent, notre archidiocèse a compté 96 martyrs et le destin de 26 personnes est incertain », déplore l’archevêque. Plus de 1 800 familles de son évêché ont abandonné leurs maisons pour rejoindre des régions plus sûres en Syrie ou directement se réfugier dans des pays comme le Liban. « Lors de mes visites à domicile, dans les maisons des familles et à travers les rapports de mes prêtres, j’ai pu constater que tous se sont appauvris à cause de ces événements tragiques. Nous avons commencé à accorder un soutien mensuel à environ 600 familles. »

Selon Mgr Arbach, les gens ploient surtout sous l’inflation galopante. «  Les prix montent en flèche alors que les salaires stagnent. » Malgré toutes les épreuves, l’archevêque n’a pas constaté d’effondrement de la vie religieuse, bien au contraire. « Durant la crise, il y a eu un grand retour à la foi et à la prière parmi les gens obligés de quitter leurs villages. Malgré la peur des bombes et des explosions les familles restent attachées à leurs convictions religieuses. »

En dépit des difficultés, le diocèse poursuit aussi dans ses efforts d’assurer la catéchèse pour garantir la transmission de la foi aux enfants et aux adolescents. « Environ 3 300 adolescents participent à nos catéchèses. Quelque 350 éducateurs s’occupent d’eux. » L’archevêque insiste toutefois sur les problèmes auxquels les cours de religion doivent également faire face.

« Plusieurs centres de catéchèse ont été bombardés et détruits, par exemple à Quseir. » C’est pourquoi Mgr Arbach demande de l’aide pour que ces centres puissent être reconstruits ou remis en état et équipés sur le plan technique. Mais ce sont surtout les pauvres bénéficiant du soutien de l’Église qui lui tiennent à cœur, ainsi que les malades et les réfugiés. « Notre Église a besoin de toutes les aides possibles : spirituelle, matérielle, médicale, psychologique. Dans cette partie de la Syrie, l’Église est vraiment en danger si nous ne réagissons pas rapidement. »

 

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L’AED a déjà confirmé son soutien à Mgr Arbach pour appuyer son travail humanitaire et religieux.

Propos de l’archevêque de Homs : « Les chrétiens vivent dans la peur, mais ne veulent pas quitter leur patrie »

 Reinhard Backes, AED International

Adaptation AB Griffin, AED Canada

 © AED

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Montréal, le 20 mars 2014 – Malgré un avenir incertain, les chrétiens veulent rester en Syrie, comme le faisait remarquer Mgr Jean Abdo Arbach, l’archevêque catholique des Grecs melkites de Homs, Hama et Yabroud, à l’occasion d’une visite auprès de l’œuvre internationale de bienfaisance catholique « L’Aide à l’Église en détresse ». Littéralement, Mgr Abdo Arbach a dit : « Nous autres chrétiens vivons dans la peur, l’avenir est incertain, mais nous ne voulons pas quitter notre patrie. » Malgré des rapports contraires, assure l’archevêque syrien âgé de 61 ans, environ 20 000 chrétiens de différentes confessions vivent à Homs, une ville située non loin de la frontière avec le nord du Liban. Dans la région autour de Homs, ils seraient environ 200 000. Selon les dires de l’archevêque catholique grec, beaucoup de croyants, dont des fidèles melkites catholiques grecs, catholiques syriaques, maronites, orthodoxes grecs et orthodoxes, seraient entre-temps retournés dans la ville de Homs.

« À Homs même et autour de la ville, la situation est calme. Les troupes du gouvernement contrôlent presque entièrement la région, tandis que les rebelles ont la haute main dans quatre à cinq districts de la ville. Les combats se poursuivent surtout encore dans les villes de Yabroud et Hama », relate Mgr Abdo Arbach, qui veut-lui-même rester à Homs. Selon lui, des nouvelles inquiétantes viendraient du nord de la Syrie, contrôlé par les rebelles. Selon ces informations, les chrétiens y seraient obligés de se plier à certaines règles. Mgr Abdo Arbach poursuit : « Premièrement, c’est la loi islamique qui doit y être appliquée, deuxièmement, tous les symboles chrétiens visibles en public doivent y être détruits, et troisièmement, les chrétiens voulant rester dans leur pays devront payer une taxe spéciale à l’avenir. » En présence du baron Johannes von Heereman, président du comité exécutif de « L’Aide à l’Église en détresse », l’archevêque a remercié l’œuvre de son soutien : « ‘L’Aide à l’Église en détresse’ a énormément contribué à ce que nous puissions soutenir régulièrement de nombreuses familles, des paroisses et des prêtres. Pour tous les fidèles, il est important que leurs prêtres et leur évêque supportent la souffrance et persistent à rester, comme tous les autres. »

 

 

COMMUNIQUÉ – Les religieuses enlevées ont été libérées

Les sœurs sont hors de danger et n’ont pas été blessées – selon le Patriarche catholique de Syrie

Par John Newton, AED UK en Bierut

Montréal, le lundi 10 mars 2014 – Douze religieuses enlevées par des djihadistes en Syrie en décembre dernier ont été libérées hier (dimanche 9 mars).

Le Patriarche Gregorios III, chef de l’Église gréco-catholique melkite, a annoncé la nouvelle à une équipe de l’Aide à l’Église en Détresse qui venait juste d’arriver au Liban pour aller voir des projets de soutien aux réfugiés en provenance de Syrie.

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Le Patriarche, basé à Damas, a déclaré aux membres de cette œuvre catholique de bienfaisance qui assiste les chrétiens persécutés et en détresse, que les religieuses n’avaient pas souffert au cours de leur épreuve, et que leur libération était « un signe d’espoir en ces temps de crise ».

Gregorios III a ajouté : « Je pense qu’elles n’ont pas été traitées trop mal, vu que ce n’est pas dans l’intérêt des ravisseurs de faire cela. »

Selon lui, la liberté des religieuses a été obtenue suite à l’intervention du Patriarche grec orthodoxe Jean X.

Le Patriarche Gregorios a ajouté que la libération avait apparemment bénéficié de l’entremise des services secrets qataris et libanais.

Décrivant le sort des sœurs qui ont été enlevées dans un monastère du village syrien de Maaloula, le Patriarche Gregorios a déclaré hier (dimanche) : Les sœurs « ont dû parcourir 80 km de Yabroud [où elles étaient détenues], à la frontière du Liban, et je ne sais pas où elles iront ce soir », bien qu’il soit prévu qu’elles s’établiront maintenant au Liban.

Ses commentaires nous sont parvenus alors qu’un responsable de la sécurité libanais aurait déclaré hier (dimanche) que les religieuses avaient été accompagnées par le chef d’une agence de sécurité libanaise et un agent de renseignement qatari.

Selon les médias, la libération des religieuses avait été convenue dans le cadre d’un marché consistant, pour le gouvernement, à libérer bon nombre de prisonnières.

Les sœurs ont été enlevées en décembre dans le monastère grec orthodoxe de Sainte Thècle de la ville à majorité chrétienne de Maaloula, à environ 40 km au nord de Damas.

Un peu plus tard au cours du mois de décembre, les religieuses sont apparues dans une vidéo reçue par la chaîne de télévision Al-Jazira, dans laquelle elles disaient qu’elles étaient en bonne santé. Mais les circonstances dans lesquelles la vidéo a été tournée ne sont pas claires.

Peu de temps après leur capture, elles auraient été déplacées à 25 km au nord, dans la ville de Yabroud, tenues par les rebelles.

L’Observatoire syrien de surveillance des droits de l’homme, basé en Grande-Bretagne, a identifié les rebelles qui ont enlevé les religieuses comme étant des militants du Front Nusra, filiale d’Al-Qaïda en Syrie.

Le Front Nusra avait envahi Maaloula le 4 septembre 2013.

Au cours des trois jours pendant lesquels ils ont tenu la ville, 12 personnes ont été tuées, dont trois hommes qui refusaient d’abjurer leur foi chrétienne.

 

DES CADEAUX POUR LES UNS, DES MENACES POUR LES AUTRES

PHOTOS RÉUNIES

Pendant que les parents d’ici courent pour acheter des cadeaux à leurs enfants, les parents de là-bas, dans de trop nombreux pays, courent sous la menace pour protéger les leurs du danger.

Noël, une nouvelle agréable, nous dit le cantique. Une nouvelle prometteuse de paix et d’amour. Pourtant, pour de nombreux chrétiens, Noël est devenu une menace dans d’innombrables pays, dont certains dans le berceau même du christianisme. S’il est difficile de faire un bilan exhaustif de tous les pays où se vivent ou se sont vécus des drames au temps de Noël, on ne peut passer sous silence certains d’entre eux.

MARTA - AZIZ

Pensons d’abord à la Syrie où les conflits sont tels que des centaines de milliers de chrétiens se sont enfuis en des lieux plus sécuritaires, laissant derrière eux tous leurs biens. À quelle sorte d’avenir croyez-vous que les enfants syriens sont destinés? Quel genre de Noël vivront-ils? Et  qu’en est-il de son pays voisin, l’Irak, qui comptait il y a à peine 10 ans 900 000 chrétiens et où il n’en reste que 200 000? Rappelez-vous ce massacre dans une église syriaque de Bagdad, le 31 octobre 2010, qui avait fait 46 morts dont les 2 prêtres célébrants. Ce massacre annonçait déjà cette autre attaque pendant la période des Fêtes qui suivait et pendant laquelle des bombes avaient été placées près des maisons des chrétiens à Bagdad, tuant deux personnes en plus d’en blesser des dizaines.  Seront-ils cette année entourés de cadeaux ou encerclés de menaces?

295- copieQue dire du Nigeria où les chrétiens ont été victimes, lors des trois derniers Noëls, d’attaques meurtrières dont les deux dernières revendiquées par la secte islamiste Boko Haram ? En 2010, des attentats à la bombe ont fait au moins 32 morts et 74 blessés à Jos; en 2011, Boko Haram a perpétré plusieurs attaques contre des églises ayant entraîné la mort de dizaines de fidèles; et en 2012, des hommes armés ont attaqué une église dans le Nord durant la messe de minuit, tuant six personnes dont le prêtre, avant de mettre le feu au bâtiment. Croyez-vous que les jeunes Yakubu, Murtala et Olusegun seront cette année entourés de cadeaux ou encerclés de menaces?

Au Pakistan, 50 extrémistes musulmans armés de bâtons et de haches ont attaqué les bâtiments de l’église de Chak pendant un visionnement du film «Jésus»; 20121011_002toujours au Pakistan, comment oublier Asia Bibi qui croupit en prison dans un espace exigu n’ayant droit comme visites que celles de son avocat et de son époux, elle qui a pourtant cinq enfants qu’elle n’a pas vu depuis maintenant trois ans. Ajoutez à cela les Philippines, à la chapelle du Sacré-Cœur à Jolo, où l’explosion d’une bombe a fait 11 blessés pendant une messe matinale de Noël; et au Sri Lanka, au jour de Noël, quand des bombardements de l’armée de l’air ont détruit un centre chrétien pour les orphelins et les filles handicapées. Croyez-vous que tous ces enfants seront cette année entourés de cadeaux ou encerclés de menaces ?

20130208_034En Bosnie-Herzégovine, les fidèles ont vu le drapeau de la cathédrale orthodoxe être brûlé à la veille de Noël par des incendiaires non identifiés. De tels gestes leur permettent-ils de croire qu’ils seront cette année entourés de cadeaux ou encerclés de menaces?

On pourrait allonger la liste en parlant de l’Égypte alors qu’à la fin de la messe de minuit, plusieurs Coptes ont été abattus par balles; de la Chine, alors qu’une vague de persécution a balayé les chrétiens des ethnies Han et Ouïghur entre Noël et le Nouvel An; ou encore du Bangladesh, quand le Front démocratique populaire a ordonné à des leaders d’Églises de ne pas tenir de célébrations de Noël.

Leur foi ne les soustrait pas à la souffrance

Si nous devons nous réjouir pour les enfants à qui Noël apportera des cadeaux dans l’allégresse, peut-être devrions-nous tout autant compatir avec ceux pour qui Noël pourrait se transformer en menace dans la tristesse. Ne laissons pas la vengeance habiter nos cœurs et faisons appel au pardon pour panser la douleur.

Bien sûr, il faut une foi vivante pour traverser les épreuves de la persécution. Et même si ces chrétiens sont des gens de foi, la foi ne les soustrait pas à la souffrance. Chacun des gestes posés à leur égard leur signifie que nous pensons à eux et qu’ils ne sont pas seuls. Cet accompagnement ne leur permet-il pas d’accéder au pardon et de leur ouvrir le chemin de l’espoir?

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Prions pour tous ceux qui, partout, ont besoin de vous pour rester fidèles à leur foi;

Informons tous ceux qui, ici, veulent les aider eux qui nous fortifient dans la foi;

Agissons pour tous ceux qui, partout, ont besoin de NOUS pour espérer une vie meilleure.

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Syrie / Aucune trace des évêques syriens kidnappés

Oliver Maksan, AED International

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Plus de six semaines après leur enlèvement, il n’y a toujours aucune trace des deux évêques syriens kidnappés à la fin avril. C’est ce que déplorait Razek Siriani, un représentant de l’archidiocèse orthodoxe syriaque d’Alep, lors d’une entrevue avec l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse, le jeudi 6 juin dernier.

« Depuis qu’ils ont été enlevés, nous n’avons reçu aucune information, ni  sur l’identité des ravisseurs, ni sur l’endroit où se trouvent les deux évêques ou sur leur état de santé. » Le 22 avril dernier, des hommes armés avaient enlevé à Alep les deux prélats, Mgr Mor Gregorius Yohanna Ibrahim, l’archevêque de l’Église orthodoxe syriaque et Mgr Boulos Yazigi, évêque de l’Église grecque orthodoxe.

De nombreux témoignages de solidarité

Razek Siriani a souligné que les diocèses des deux hommes avaient reçu beaucoup de témoignages de solidarité depuis le rapt. « De nombreuses organisations musulmanes et autres de Syrie nous ont assuré de leur sympathie ». Des États étrangers se seraient également mobilisés en faveur des deux prélats. « Mais jusqu’à présent, les interventions diplomatiques de nombreux ministres des Affaires étrangères n’ont pas mené à la libération de nos évêques. »

Razek Siriani a exprimé son inquiétude concernant les conséquences de cet enlèvement sur la communauté chrétienne en Syrie. « Il ne s’agit évidemment pas ici d’un enlèvement comme les autres, car il a une teneur symbolique. Le kidnapping de chefs d’Églises a naturellement un impact psychologique néfaste sur les chrétiens en Syrie. »

Razek Siriani a positivement souligné que, face à la menace, les Églises du pays s’étaient rapprochées sur le plan œcuménique. « Les représentants des Églises concernées se réunissent tous les jours pour se concerter. Mais nous sommes aussi témoins de beaucoup de sympathie de la part des autres chrétiens de Syrie. » Il a formellement appelé à prier pour les évêques enlevés.

Par ailleurs, Razek Siriani a dit qu’en termes de sécurité, la situation à Alep même était actuellement calme. Mais en raison des circonstances régnant autour de la ville, les possibilités d’approvisionnement de cette métropole de plus de 1,6 million d’habitants sont restreintes, ce qui a un impact extrêmement négatif sur la situation humanitaire à Alep. « Nous manquons de tout, surtout de vivres et de médicaments », poursuit Razek Siriani.

Syrie – Le champ de bataille syrien

John Pontifex, AED Royaume-Uni

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

 Montréal, le mercredi 17 avril 2013 – Sa Béatitude Grégoire III Laham, patriarche melkite de l’Église catholique grecque, a affirmé dans une déclaration que « la souffrance du pays dépassait toute limite » et que ce conflit aurait « fauché des milliers et des milliers de vies », de civils autant que de militaires. Selon les estimations du patriarche melkite, dont le siège est situé à Damas, jusqu’à 400 000 chrétiens syriens – c’est-à-dire peut-être 25 % de la population totale – auraient été déplacées en Syrie même ou auraient fui à l’étranger depuis le début des hostilités, il y a deux ans.

Dans sa déclaration parvenue le 15 avril à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), S.B. Grégoire raconte que depuis début 2011, plus de 1 000 chrétiens ont été tués, « des villages entiers nettoyés de leurs habitants chrétiens » et plus de 40 églises et autres centres chrétiens (établissements scolaires, orphelinats et institutions de soins) ont été endommagés ou complètement détruits. Selon le patriarche, le noeud des problèmes du pays réside dans le chaos et l’insécurité ainsi que dans l’afflux « d’islamistes fondamentalistes ».

Il affirme que la menace pour la chrétienté en Syrie aurait de vastes conséquences sur l’avenir de la religion dans cette région, car ce pays est depuis des décennies un lieu de refuge pour les croyants du Liban, d’Iraq et d’autres pays. Il ajoute ensuite que ce conflit constitue une grave menace également pour les musulmans, étant donné qu’une tradition islamique serait montée contre une autre.

Malgré l’accroissement de la violence, le patriarche Grégoire croit toujours que la paix est encore possible. Dans sa déclaration, il exhorte les gouvernements des pays arabes, d’Europe, des d’Amérique du Nord et du Sud, les organisations mondiales et les récipiendaires des Prix Nobel de la paix à entrer en action, en disant : «  « Nous sommes certains que malgré notre détresse, tous les Syriens – le gouvernement, les partis politiques, les musulmans sunnites et chiites, les Alaouites, les chrétiens et les Druzes – sont capables de dialogue … ». Il poursuit en disant : « Il n’y a plus aucun endroit sûr en Syrie, toute la Syrie est devenue un champ de bataille … tous les aspects de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté, de la laïcité et des droits civiques ont été perdus de vue et personne ne s’en occupe. (…) La souffrance du pays dépasse toutes limites. La crise a fauché des milliers et des milliers de vies de soldats, de partisans de l’opposition, de civils, d’hommes, de femmes, d’enfants, de cheiks musulmans et de prêtres chrétiens. »

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« …partir ou mourir »

Ces déclarations du patriarche coïncident avec celles de l’archevêque maronite de Damas, Mgr Samir Nassar. Selon le témoignage de ce dernier, envoyé à l’agence vaticane Fides, les chrétiens en Syrie auraient « le choix entre deux coupes amères : mourir ou partir ». Mgr Nassar a souligné que les musulmans autant que les chrétiens vivaient sous la menace de corps explosifs, voitures piégées, snipers et absence de soins médicaux en raison des fermetures généralisées des établissements hospitaliers.

Le patriarche Grégoire a également assuré dans sa déclaration que les chrétiens étaient particulièrement menacés parce que des extrémistes lançaient des exactions contre eux. Selon lui, les chrétiens risquaient très fortement de perdre leurs édifices religieux pris d’assaut et occupés par des groupes armés qui s’en serviraient comme « bouclier » dans le conflit, en expliquant que « l’avenir des chrétiens n’est pas menacé par les musulmans, mais par le chaos et par l’infiltration de groupes fanatiques, fondamentalistes et incontrôlables. » Dans ce contexte, il pense aux nombreux chrétiens obligés soudainement de quitter leur maison en y laissant tous leurs biens : « Ils n’ont pu sauver que très peu de choses, sinon rien. »

« Il n’est pas rare de voir que leurs maisons avec tous leurs biens soient pillées, détruites et saccagées. Au total, les dommages s’élèvent à plusieurs millions de dollars. » Le patriarche conclut en disant : «  Au vu de tous ces dangers, de cette souffrance et de ces malheurs qui touchent tous les citoyens, nous nous demandons s’il existe un autre langage ou un autre mode d’agir que la guerre, les armes, la violence, la haine et la vengeance. Nous avons absolument besoin d’une solution. »

 

 

 

 

Syrie – La route de la mort

AZIZ

L’exposition photographique qu’Aide à l’Église en Détresse Canada a tenue du 19 février au 3 mars dernier, au Relais Mont-Royal, à Montréal, a donné lieu à de très belles rencontres. Il y a eu notamment celle avec Aziz (nom fictif que nous donnerons à ce témoin de la guerre en Syrie qui préfère garder l’anonymat par mesure de sécurité pour sa famille), un homme d’une quarantaine d’années, originaire de la Syrie. Aziz témoigne de ses six mois, passés en Syrie, entre mai et novembre 2012.

 Robert Lalonde, AED Canada

 Aziz a vécu en Syrie jusqu’à l’âge de 16 ans avant de venir s’installer au Québec avec sa famille. Chaque année, ce Syrien avait l’habitude de retourner dans son pays natal. D’abord pour étudier, puis, peu à peu, par amour, par plaisir et pour retrouver sa famille et ses amis.

En mai dernier, après avoir communiqué avec des amis d’Alep pour connaître la situation en termes de sécurité et après avoir appris que la paix y régnait, il a décidé de partir seul pour deux ou trois mois, question de revoir sa maison et quelques amis autour qu’il fréquentait.

Puis, subitement, quelques semaines plus tard, tout a changé. La guerre est arrivée tel un invité indésirable, bousculant autour d’elle la quiétude de cette ville considérée comme la plus vieille ville habitée au monde. La majorité des 1 693 803 Aleppins s’apprêtaient à voir leur vie transformée de bout en bout. Dorénavant, le bruit fracassant des bombes, conjugué à celui assourdissant des rafales de mitrailleuses, venait enterrer la musique dans les cafés, faire disparaître en fumée les denrées les plus élémentaires et perturber sans pitié tous les moyens de communication.

Tant de fantômes à apprivoiser

« Nous ne pouvions plus nous déplacer librement; le prix de la nourriture s’est mis à grimper de façon drastique et celui de l’essence de façon non moins vertigineuse; et je ne vous parle pas des communications qui faisaient défaut, tout en nous empêchant de rassurer ceux qu’on aime; nous avons aussi été privés d’électricité et d’eau courante pendant de longues périodes »,  nous précise Aziz. Puis, il ajoute :    « Nous devions parfois faire la queue entre 8 et 24 heures pour obtenir de la nourriture tellement la pénurie était importante. »

Lui qui espérait retrouver sa maison et partager un peu d’amitié avec ses voisins, devait maintenant se résigner à partager plutôt de la peur et beaucoup de souffrances. « J’ai vu mourir deux personnes juste derrière moi. J’ai évité de me retourner pour de pas imprimer ces images dans mon esprit, mais je n’en ai pas moins retenu la douleur », raconte-t-il, encore troublé par cette scène.

Nombreux sont les souvenirs qu’il voudrait oublier, mais avec lesquels il doit dorénavant apprendre à vivre. « Quand on se promenait le jour, on apprenait ou on découvrait toutes sortes de choses. Tantôt on rencontrait des enfants qui déambulaient dans les rues, séparés de leur famille qui avait été brisée par des attaques ayant causé la perte de leur foyer, tantôt on voyait des gens camper dans les parcs pour se réfugier ou encore, tantôt on entendait des rumeurs prétendant que telle ou telle personne devait, pour sauver un des leurs, verser une telle rançon que les chances de la rassembler étaient presque nulles. »

Toutefois, par-dessus tout, il y a un épisode qui l’a manifestement plus ébranlé et qui hante de façon persistante sa mémoire : « Je me rappelle cet enfant de sept ans qui dormait sur le trottoir et qui avait perdu toutes traces de sa famille. Nous lui avons donné à manger et ma voisine l’a hébergé pour le protéger. » Tant de fantômes à apprivoiser.

MARTA - AZIZLa décision ultime

Finalement, découragé de n’apercevoir aucune lueur d’espoir quant à un règlement possible après avoir vécu six mois d’angoisse – plutôt que deux ou trois comme il l’avait prévu au départ -, il a décidé de revenir en priant Dieu de l’accompagner. Aziz a donc risqué un départ pour l’aéroport.

« Je savais que je m’engageais sur la route de la mort. J’avais entendu parler de ces quatre Arméniens qui, après avoir pris un taxi pour l’aéroport, s’étaient fait tués avant d’arriver à destination. Je savais aussi que plusieurs Aleppins, après s’être entassés dans des autobus, espérant fuir vers Damas, s’étaient fait kidnapper ou tout simplement tués avant même d’avoir parcouru la moitié du chemin. Mais je ne pouvais imaginer le moment où tout ce chaos cesserait », raconte Aziz avec des trémolos dans la voix.

« Le taxi qui m’avait coûté 2$ à mon arrivée, m’en a coûté 100$ pour ce voyage très risqué, tant pour moi que pour le chauffeur à qui j’avais décidé de faire confiance. Est-ce que je pouvais faire autrement? », conclut-il.

 

Questionné quant à savoir s’il avait pensé mourir, il répond : « Vous savez, nous vivions quotidiennement sous la menace d’obus qui tombaient n’importe où, des tirs des snippers qui tiraient sur n’importe qui et des voitures piégées qui explosaient n’importe quand. Bien sûr, que j’ai eu peur de mourir. Un jour, continue-t-il, j’ai vu un prêtre appuyé sur le bord de sa fenêtre ouverte se faire tirer. Heureusement, la balle l’a raté, mais j’en vois encore la marque sur le mur en chaux. »

Aujourd’hui, marqué profondément par cette expérience, Aziz est heureux d’avoir retrouvé sa famille et de pouvoir enfin se déplacer dans la ville en toute sécurité, tant le jour que le soir, moment pendant lequel il ne pouvait pas sortir quand il était à Alep.

Aziz désire cependant terminer par ce message qu’il juge fondamental en cette année de la foi : « Je souhaite inviter tout le monde à croire que Dieu n’est pas qu’une remorque qu’on utilise en temps de troubles, mais plutôt à croire qu’il est un guide que nous devrions suivre en tout temps. »

 

Demain : « Ne perdez pas espoir »

Extrait:

« Tout le monde a peur, car ils ne savent pas combien de temps il leur reste à vivre. Lorsque quelqu’un va au travail, il ne sait pas s’il en reviendra. La peur marque toute leur vie. »

Syrie- « Quelque chose s’est brisé en nous »

Eva-Maria Kolmann, AED International

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada FACEBOOK SYRIE 9

Élia est un petit monsieur d’un certain âge. Rien ne donne à penser que ce placide ingénieur originaire de la ville de Homs, en Syrie, a vécu une fuite aussi aventureuse que dangereuse. Sa famille avait déjà trouvé refuge au Liban lorsqu’il décida de retourner encore une fois dans sa maison de Homs pour y récupérer quelques affaires. Il ne restait rien des biens de la famille, tout avait été pillé. « Ils avaient tout pris : le lave-linge, le téléviseur, les vêtements de ma fille – tout ! », raconte-t-il.

À présent, il ne pouvait plus partir lui-même à cause des francs-tireurs dissimulés partout. Deux semaines durant, il restait prisonnier de sa propre maison avant d’oser s’en enfuir. Il a sauté par-dessus des murs, cherchant le couvert partout où c’était possible, et est arrivé enfin dans la maison d’un ami propriétaire d’une entreprise de pompes funèbres. Celui-ci l’exfiltra clandestinement de la ville dans un corbillard.

Élia est incapable de retenir ses larmes en nous racontant son histoire : sa femme est très malade, son fils s’est marié récemment et deux de ses neveux ont été tués par des obus. L’un d’eux n’avait que dix-sept ans et est décédé devant la maison de ses parents. Tandis que le frère l’Élia a été enlevé et torturé pendant huit jours. « Les ravisseurs lui ont injecté de l’essence dans les vaisseaux sanguins et l’ont frappé sur la tête. Il a survécu, mais depuis, il est gravement malade », raconte Élia, les larmes aux yeux. Trois cousins de sa femme ont également été enlevés. Ils étaient les frères d’un prêtre et l’un d’eux a été tué en se sacrifiant pour que ses deux frères puissent survivre.

Élia est convaincu que de nombreuses exactions sont menées sciemment contre les chrétiens. Quatre familles chrétiennes vivaient dans un quartier musulman. Leurs magasins ont été incendiés, la moitié d’entre eux assassinés tandis que les autres se sont enfuis. « Les chrétiens ne pourront jamais plus vivre en Syrie », pense-t-il. Il ne veut jamais plus retourner dans sa patrie. Sa fille de 31 ans, quant à elle, voit les choses autrement, préférant rentrer aujourd’hui chez elle plutôt que demain. Tout ce qu’elle avait avant la guerre lui manque. Elle veut enfin retrouver la vie qu’elle menait autrefois.

« Nous n’avons pas le choix de partir »

BRISÉ EN NOUSRita, dans la trentaine, regrette aussi son ancienne vie. « Quelque chose s’est brisé en nous », murmure la jeune femme à l’aspect soigné. À Damas, son mari Nicola, 35 ans, dirigeait une clinique. Celle-ci n’existe plus, ayant été bombardée. Il y a un mois et demi, la famille s’est enfuie à Beyrouth, la capitale libanaise. Marie, leur fillette de quatre ans, a toujours peur lorsque son père s’en va. Elle lui dit alors : «  Papa, fais attention à ce que les méchants garçons ne viennent pas pour te tuer ! »

En effet, Nicola serait la victime idéale de kidnappeurs. Pas seulement à cause de la rançon, mais aussi parce qu’en tant que médecin, on pourrait l’obliger à soigner des blessés dans un camp de rebelles. « Mon cousin a déjà été enlevé. Nous sommes tous chrétiens. Je ne sais pas comment il est parvenu à persuader ses ravisseurs qu’il s’appelait Ahmed et qu’il était musulman. Ils l’ont alors relâché. Je crois qu’ils veulent chasser les chrétiens hors du pays », suppose Nicola. « Au fond, nous autres, chrétiens, ne voulons pas partir, mais nous n’avons pas le choix », ajoute-t-il tristement.

À la fin, à Damas, la jeune famille ne pouvait plus bouger que dans un rayon d’un kilomètre. « Il n’y a plus aucune zone sûre à Damas. Partout, des voitures piégées à la bombe peuvent exploser à tout moment. Il me semble qu’il y a plus d’attentats dans les quartiers chrétiens », estime le jeune médecin. Alors qu’une roquette s’est abattue tout près de leur maison, ils se sont enfuis chez des amis au Liban où le coût de la vie est beaucoup plus cher qu’en Syrie.

La famille épuisa rapidement toutes ses économies. Nicola ne peut pas travailler comme médecin au Liban. Pour y obtenir une autorisation d’exercice, il devrait payer $100 000. « Si j’avais autant d’argent, je n’aurais pas à travailler », dit-il. « Entre-temps, j’accepterais n’importe quel travail pour nourrir ma famille ». Ils n’avaient jamais voulu quitter leur pays, mais maintenant, ils envisagent d’émigrer pour toujours à l’étranger – peut-être aux États-Unis.

ANONYME Comme la plupart des réfugiés syriens, ils paniquent à l’idée que leur nom ou des photos de leur visage puissent être publiés. Nombreux sont ceux qui ont peur de se faire enregistrer auprès des Nations Unies, parce qu’ils craignent que leurs données puissent être transmises à autrui. Beaucoup de chrétiens disent : « Nous ne sommes partisans d’aucun parti. Nous voulons seulement vivre tranquillement et en sécurité. C’est pour cela que les deux côtés se vengent de nous. »

L’Aide à l’Église en Détresse  lance donc un appel urgent pour obtenir des dons pour que l’Église catholique puisse venir en aide sur place aux réfugiés.

Demain : « Les enfants pacificateurs »

 Extrait :  « Il y a quelque temps, l’évêque a rendu visite aux enfants. Ils lui ont présenté des danses et un spectacle avec des scènes bibliques. « Nous sommes les enfants de la paix », lui dirent-ils, ce qui a particulièrement réjoui Sœur Marie-Rose, elle qui travaille aussi avec les parents de ces enfants. »

 

Syrie – « La masse des réfugiés syriens dépasse les capacités du Liban »

Interview avec Sa Béatitude le cardinal Béchara Boutros Rahi – le patriarche des Maronites demande l’aide de la FACEBOOK BÉATITUDE1communauté internationale.

Olivier Maksan, AED International

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Votre Béatitude, combien de Syriens ont-ils cherché refuge jusqu’à présent dans votre pays ?

 

Mgr Rahi : Environ 200 000 sont enregistrés, mais selon d’autres estimations, ils sont beaucoup plus nombreux ; il devrait y avoir entre-temps un demi-million de réfugiés.

Combien d’entre eux sont-ils chrétiens ?  

Mgr Rahi : La majorité d’entre eux ne sont certainement pas des chrétiens puisque ceux-ci constituent une minorité en Syrie. Mais bien entendu, il y a aussi des chrétiens qui sont venus trouver refuge chez des amis ou des proches et qui, souvent, ne sont même pas enregistrés. Toutefois, il y a aussi beaucoup de déplacés chrétiens en Syrie même. Ils sont nombreux à avoir fui Homs pour se rendre dans les villes de Damas ou de Latakia.

Au lieu d’aller en Jordanie ou dans d’autres pays de la région, les chrétiens cherchent-ils plutôt refuge au Liban, dont de vastes contrées sont largement chrétiennes ?

 Mgr Rahi : Pas nécessairement. Ils fuient là où ils trouvent refuge. Il est toutefois exact de dire que le Liban est plus ouvert. Cependant, je voudrais faire aussi remarquer ici les difficultés que nous rencontrons. Il est inconcevable qu’un petit pays comme le Liban porte seul tout le poids des réfugiés. Déjà aujourd’hui, nous avons 500 000 réfugiés palestiniens de légèrement à lourdement armés. Je lance un appel afin que les réfugiés soient répartis dans les pays de la région, mais surtout pour qu’ils soient hébergés en Syrie même, dans des régions sûres. Nous autres Libanais ouvrons nos cœurs et nos portes, mais le Liban ne pourra supporter cette quantité de réfugiés ni sur le plan économique, social ou politique, ni au niveau de sa propre sécurité.

Craignez-vous un déséquilibre confessionnel au Liban ?

 Mgr Rahi : Non, pas en matière d’équilibre politique. En effet, pour que celui-ci puisse être perturbé, il faudrait être citoyen libanais. Je pense plutôt ici aux aspects sociaux, économiques et humanitaires. Vous savez, nous ne sommes que quatre millions de Libanais. De telles quantités de réfugiés ne peuvent pas rester sans conséquence. Par ailleurs, parmi les gens qui entrent dans notre pays, il y en a qui sont armés et amènent ici leurs conflits syriens. Cela dépasse nos possibilités. Nous nous engageons à 100% pour l’amour fraternel du prochain, mais nous voulons aussi préserver notre culture libanaise.

Pensez-vous que le moment est arrivé d’interrompre le flux de réfugiés qui viennent au Liban ?

 Mgr Rahi : Malheureusement, personne ne le fait. Le Liban est incapable de fermer ses frontières. Il faudrait que les États arabes et la communauté internationale fasse un geste. En outre, comme je le disais déjà, il faut créer en Syrie même des zones de refuge sûres. Cela faciliterait leur retour dans leurs localités d’origine à la fin du conflit.  Une fois à l’étranger, les réfugiés tentent toujours de passer dans un pays occidental. Nous sommes en train de perdre non seulement des musulmans, mais aussi des Alaouites et des chrétiens. Or, des citoyens doivent rester dans leur propre pays.

Les classes politiques du Liban débattent-elles des charges causées par les réfugiés syriens ?

 Mgr Rahi : Oui, mais très rapidement, il est question ici de calcul politique. Si l’on peut profiter de la présence de certains groupes ici au Liban, qu’ils soient partisans ou opposants du régime syrien, il y a toujours des gens qui instrumentaliseront ces pauvres réfugiés. Cela perturbe notre vie sociale et politique. Nous avons déjà vécu cette situation avec les réfugiés palestiniens et nous les avons accueillis. Cependant, ils ont alors causé la Guerre civile du Liban. Nous sommes partisans des Palestiniens et de leur juste cause, mais nous ne pouvons pas accepter qu’ils dressent leurs armes contre nous et nous menacent. C’est aussi valable pour les Syriens. Si on les instrumentalise, qu’on les arme et qu’ils créent des problèmes internes au Liban, qui nous assistera alors ? C’est pourquoi les États arabes et la communauté internationale doivent nous aider maintenant à résoudre les problèmes pouvant survenir.

Pensez-vous que l’Histoire de 1975 se répétera ?

 Mgr Rahi : Non, ce que je dis, c’est que nous devons tirer des leçons de l’Histoire et ne pas en répéter les erreurs.

Dans plusieurs pays occidentaux, on débat de la possibilité d’accueillir des minorités religieuses, et surtout des chrétiens de Syrie. Êtes-vous partisan d’une telle solution humanitaire ?

 Mgr Rahi : Non, on viderait ainsi le Proche-Orient de ses minorités chrétiennes établies de longue date. Les chrétiens vivent ici depuis l’époque de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils ont largement contribué à la culture arabe. Pour cette raison, faciliter l’émigration chrétienne porterait préjudice aux pays arabes d’aujourd’hui. Les chrétiens doivent rester le sel de la terre en Orient. Si l’Occident veut vraiment nous aider, qu’il contribue alors à ce que la guerre en Syrie se termine. Par ailleurs, il devrait nous aider plus généralement à endiguer l’exode des chrétiens de toute la région.

Comment l’Occident peut-il mettre un terme au conflit en Syrie ?

 Mgr Rahi : Personne n’ignore plus entre-temps que des États occidentaux et orientaux mènent la guerre en Syrie, que ce soit aux côtés du régime ou de ceux de l’opposition. Ils envoient des armes et des combattants, autant au régime qu’à ses adversaires. Cela veut dire qu’il existe des États qui, sans égard pour la Syrie ou les Syriens, font la guerre. Ce n’est pas le bon chemin vers la démocratie. La communauté internationale doit apporter son aide afin que le gouvernement et l’opposition se réunissent autour d’une table pour négocier et résoudre ainsi leurs problèmes. Cet objectif ne sera atteint ni par la violence ni par la guerre. Aucune solution n’est jamais née de la guerre, mais seulement du dialogue.

Cette table ronde que vous exigez devra-elle aussi permettre à Bachar el-Assad, l’actuel président de l’État syrien, d’y siéger ?

 Mgr Rahi : Pourquoi pas ? Il y a plusieurs partis en Syrie. Le gouvernement et l’opposition et le peuple syrien. Si vous ne voulez pas qu’il s’agisse d’un monologue, vous avez besoin de deux groupes pour un véritable dialogue. Avec qui voulez-vous parler sinon avec le président ? Si la communauté internationale veut vraiment la paix et la démocratie en Syrie pour le bien du peuple, elle doit contribuer à l’instauration d’une table ronde réunissant les deux côtés. Ce pays qui a vu naître une grande civilisation, qui est aussi une civilisation chrétienne, est en train de se disloquer et de se désagréger. Voilà pourquoi la communauté internationale doit installer d’urgence une table ronde.

Demain : « Ce ne sont pas des chiffres, ce sont des êtres humains »

 Extrait :    « Le soutien au village chrétien de Rableh, proche de la frontière libanaise, est absolument décisif. Ses habitants qui, à l’origine, étaient environ 12 000, y sont cernés depuis juillet 2012. Les donateurs de l’AED nous aident à approvisionner les gens en vivres et en médicaments, par exemple pour les bébés. »