COMMUNIQUÉ : Bosnie-Herzégovine – L’évêque Mgr Komarica exige la fin des discriminations des catholiques

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©AED/ACN

Eva-Maria Kolmann, AED International

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Montréal, jeudi 28 novembre 2013 – « Des personnalités politiques occidentales devraient exercer des pressions sur les politiciens bosniaques pour que les réfugiés de guerre catholiques puissent enfin retourner en Bosnie », a exigé Mgr Franjo Komarica, évêque de Banja Luka et président de la conférence épiscopale de Bosnie-Herzégovine, à l’occasion d’un entretien accordé à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse (AED).

« Du point de vue de l’appartenance ethnique, les catholiques originaires du territoire de l’actuelle Bosnie-Herzégovine sont en fait croates. La politique devrait assurer la reconnaissance de leurs droits fondamentaux », a poursuivi l’évêque.

Selon Mgr Komarica, jusqu’à nos jours, les Croates ne seraient pas sur un pied d’égalité par rapport aux deux autres groupes ethniques vivant dans le pays. « Pendant des années, les Croates catholiques n’ont pas vu un seul centime des fonds accordés par la communauté internationale pour encourager le retour d’anciens réfugiés. Personne n’élève la voie en leur faveur. »

Chute importante du nombre de catholiques

Toujours selon les indications de l’évêque, plus de 4 000 familles seraient prêtes à retourner dans leur pays d’origine, mais pour l’instant, il n’y aurait pour elles « aucune garantie pour un retour viable, pas de maisons, pas de travail, pas d’électricité, pas d’établissements scolaires ». Lors de la recherche de travail, un nom croate induirait souvent une discrimination du candidat. « Après l’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, de nombreux Croates sont certes devenus citoyens de l’Union Européenne avec leur passeport, mais en Bosnie, ils sont des citoyens sans droits fondamentaux définis », déplore Mgr Komarica.

Puis, l’évêque de poursuivre : « Rares sont les personnalités politiques sur place qui s’engagent en faveur des nombreux catholiques croates dépossédés, notamment dans l’entité de la république serbe de Bosnie. Toutefois, ces derniers jours, quelques promesses ont été faites, qui ont éveillé l’espérance de temps meilleurs, du moins pour certaines de ces personnes discriminées. »

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©AED/ACN

Selon l’opinion de l’évêque, il vient s’y ajouter que, à cause de la situation instable, les investissements de l’étranger font défaut. « Ce pays qui a été scindé en deux parties d’une manière artificielle et injuste à la suite des accords de Dayton datant de 1995, sombre aujourd’hui dans le chaos social et politique. La seule perspective d’avenir que nous voyons est un chaos contrôlé par l’Union européenne et les États-Unis. Mais toute l’expérience d’après-guerre montre que la vie ne peut pas fonctionner ainsi. C’est une trahison des valeurs et principes européens, une preuve de mépris des accords internationaux et une honte autant pour les politiciens locaux que pour les personnalités politiques internationale responsables de Bosnie et de Herzégovine », fustige Mgr Komarica.

Les revendications ultérieures et actuelles de l’Église seraient très claires, souligne l’évêque : « Les catholiques croates doivent enfin être mis sur un pied d’égalité avec les deux autres ethnies du pays. Ils doivent avoir le droit de revenir de l’étranger, et il faut leur fournir la possibilité de reconstruire leur vie dans leurs villes d’origine. »

Toutes ces dernières années, l’Église catholique tenterait de contribuer à une bonne coexistence dans le pays par le biais de projets sociaux et culturels. Les écoles européennes gérées par l’Église seraient notamment un exemple qui accueillerait des enfants de toutes ethnies et confessions. Ces établissements scolaires qui, dès le début, ont bénéficié du soutient de l’AED, recevraient plus de demandes d’inscriptions qu’elles ne pourraient accepter d’élèves.

Selon les indications de l’Église catholique, par rapport aux 835 000 catholiques que la Bosnie-Herzégovine comptait avant la guerre entre 1992 et 1995, il n’en reste aujourd’hui que 440 000 vivant toujours dans le pays. Dans la république serbe de Bosnie, l’une des entités de Bosnie-Herzégovine, les 220 000 catholiques y vivant à l’origine ne sont aujourd’hui plus que 11 500. Pour la première fois depuis 22 ans, un recensement a été effectué en octobre de cette année. L’analyse des résultats, encore en cours, fournira dans quelques mois des informations sur les chiffres actuels dans le pays. Selon des estimations informelles, la population compterait environ 10 % de catholiques.

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