Nigeria – Pas de répit pour le Nigeria

ACN-20131121-02819

©AED/ACN

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Pas de répit pour le Nigeria. Tandis que le nord du pays est secoué par l’aggravation du conflit avec le groupe terroriste Boko Haram, les habitants du Sud souffrent de plus en plus de la pollution de l’environnement et de l’injustice sociale, de l’indifférence des pouvoirs au gouvernement, de la mauvaise gestion et de la corruption.

Ces fléaux ont été pointés du doigt par l’évêque Mgr Hyacinth Egbebo à l’occasion d’une visite de l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse (AED). Pour qualifier la situation sur place, Mgr Egbebo, vicaire apostolique de Bomadi dans le delta du Niger depuis 2009, a dit : « Le gouvernement ne soucie pas des gens, mais de soi-même. »

Au royaume du pétrole, des enfants meurent de faim

La population est largement exclue de l’exploitation des riches gisements de pétrole situés dans le sud du Nigeria. Au lieu de cela, elle ploie sous le poids d’une exploitation débridée des ressources naturelles. Selon Mgr Egbebo, il n’y a pratiquement plus de poissons dans les cours d’eau du delta du fleuve Niger : « La cause de ce recul dramatique réside dans l’immense pollution du delta causée par l’exploitation pétrolière et à la surpêche. Il y a trop de filets. » La pêche en tant que base vitale traditionnelle disparaît donc.

20070419_007

©AED/ACN

Mgr Egbebo explique que pour assurer leur subsistance, les gens tentent de se procurer du pétrole, de transformer cette matière première en carburant et de le vendre, ce que le gouvernement essaie d’entraver. L’évêque poursuit : « Les conditions de vie dans le vicariat sont très, très précaires. Les enfants meurent de sous-alimentation, la qualité de l’eau potable est vraiment mauvaise. Nous manquons de tout, d’hôpitaux, d’établissements d’enseignement scolaire, d’une bonne éducation morale et de formation. »

D’après Mgr Egbebo, quelque trois millions de personnes, dont environ 30 000 catholiques, vivent sur le territoire du vicariat apostolique de Bomadi. La majorité de la population se réclame des religions traditionnelles ou appartient aux pentecôtistes. L’évêque ajoute : « Il existe des formes de syncrétisme et une prédication très simpliste. Ceux qui ne s’enrichissent pas ont fait un pacte avec le diable. Même les parents les plus proches sont accusés. Ce mode de pensée favorise la haine entre les hommes, pas l’amour. Mais nous devons aimer même nos ennemis. C’est la théologie que nous devons propager. Seul l’amour sera vainqueur. »

Le vicariat apostolique de Bomadi dispose de 35 prêtres. Toutefois, pour assurer la pastorale dans les 25 paroisses, ils ont besoin de véhicules, et surtout de bateaux. Ils manquent autant des uns que des autres. Malgré tout, Mgr Egbebo veut installer le plus rapidement possible de nouvelles paroisses, et faire construire des établissements scolaires et de nombreuses autres institutions pour assurer les soins de santé. Actuellement, le vicariat dispose d’un petit hôpital avec vingt lits. « Les gens font confiance à l’Église. Nous pouvons beaucoup entreprendre pour améliorer leur situation. Nous manquons certes de fonds, mais nous continuerons à l’essayer quand même », conclut l’évêque.

Laisser un commentaire