Tunisie
« Grâce à Sa Sainteté le pape François, les gens s’intéressent au christianisme »
Par Oliver Maksan, AED International Adaptation par Amanda Bridget Griffin, AED Canada« L’Église catholique en Tunisie peut heureusement faire son travail sans entraves politiques. Les autorités savent que nous n’avons rien à cacher et que nos institutions caritatives sont au service du peuple tunisien », a affirmé le Père Sergio Perez dans un entretien avec l’œuvre internationale de bienfaisance catholique « L’Aide à l’Église en détresse ». Le prêtre argentin appartient à la congrégation de l’Institut du Verbe incarné et travaille depuis quatre ans dans la cathédrale de Tunis. « L’Église catholique est la seule communauté du pays à avoir un accord avec l’État. Le Saint Siège et l’État tunisien en ont convenu ainsi dans les années 1960. Cet accord nous donne la sécurité juridique, mais il s’ensuit également des restrictions. Conformément à ce Modus vivendi, il des proclamations publiques de la foi catholique telles que des processions ou autres nous sont interdites. L’accord nous interdit généralement tout prosélytisme. »
© Aide à l’Église en Détresse
Un intérêt croissant pour le christianisme
Pater Sergio a qualifiée de progressiste la nouvelle Constitution tunisienne adoptée début 2014. « Elle garantit non seulement la liberté de culte, mais aussi une véritable liberté de conscience. Cela inclut aussi la conversion d’une religion à l’autre, par exemple de l’islam au christianisme, ce qui est absolument inimaginable dans de nombreux autres pays islamiques. Bien entendu, la théorie est une chose, tandis que la pratique en est une autre. Mais il s’agit de dispositions vraiment très récentes. Il faut attendre de voir comment les choses évolueront. » Depuis quelque temps, le père Perez constate en Tunisie un intérêt croissant pour le christianisme. « Grâce à Sa Sainteté le pape François, plus de gens s’y intéressent, particulièrement ceux qui sont adeptes de l’islam pour des raisons plus culturelles que religieuses. C’est pareil en Algérie et dans d’autres pays. »
Le Père Perez considère certes avec inquiétude le chiffre élevé de Tunisiens ayant rejoint des groupements djihadistes. « Mais jusqu’à présent, nous autres chrétiens n’avons pas été menacés par des djihadistes. Ils se dresseront plutôt contre des Tunisiens considérés comme trop ouverts d’esprit. » Le djihadisme proviendrait de l’étranger, et n’aurait en fait aucune racine en Tunisie, souligne le Père Perez.
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Selon lui, la composition de la communauté chrétienne du pays, qui ne comporte pratiquement que des étrangers, aurait fortement changé au cours des dernières années. « C’est dû au fait que plusieurs centaines de familles chrétiennes originaires d’Afrique noire ont quitté le pays lorsque la Banque africaine de développement a fermé ses portes en Tunisie. Cette banque s’était provisoirement établie ici après avoir dû partir de Côte d’Ivoire pour des raisons de sécurité en 2003. Aujourd’hui, la banque est rentrée en Côte d’Ivoire et avec elle ses collaborateurs chrétiens. Certaines de nos paroisses le ressentent très fort. Mais il nous reste toujours beaucoup d’étudiants chrétiens des pays d’Afrique noire, auprès desquels nous assurons la pastorale. »
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L’Église catholique est la plus grande Église unique de Tunisie. Elle est représentée à Tunis par un archevêque. Différentes congrégations religieuses contribuent à assurer la mission caritative de l’Église et gèrent des établissements d’enseignement, des résidences universitaires et des institutions médicales. En outre, il existe de plus petites communautés protestantes ainsi qu’orthodoxes. En 2012, le nombre de chrétiens était estimé à environ 25 000, dont environ 20 000 catholiques. Il n’existe pas de chiffres officiels.
« L’Aide à l’Église en détresse » soutient depuis des années la mission de l’Église en Tunisie. En 2014, les religieuses de la congrégation des Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará ont pu acheter une nouvelle automobile grâce à l’œuvre de bienfaisance.
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