Une interview de Robert Lalonde, responsable de l’information de l’Aide à l’Église en Détresse Canada (AED), avec Mgr Jacek Pyl, diocèse de Simferopol, – interprétée par le père Gil – au bureau de l’AED Canada à Montréal, le jeudi 26 août 2014.
Rédigée par Amanda Griffin, AED Canada
Traduit par Robert Lalonde, AED Canada
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©AED/ACN
Ukraine
« Soutenons-nous les uns les autres »
Pouvez-vous nous décrire le diocèse de Odessa-Simferopol en termes de fidèles, du nombre des églises ou toute autres information que vous aimeriez nous partager à ce sujet?
Le diocède de Odessa-Simferopol est situé dans le territoire Sud-Est de l’Ukraine dont la superficie est à peu près équivalente au tiers de la Pologne. C’est un territoire missionnaire qui grossit tranquillement et qui a à faire face è de nombreux défis. À la suite de l’annexion (???) de la région de Crimée par la Russie, le diocèse est séparé en deux parties. La cathédrale de mon diocèse est située à Simferopol en Crimée tandis que l’archevêché diocésain, qui est sous la responsabilité de Mgr Bronislaw Bernacki, est à Odessa, à environ 460 km de Simferopol. Il y a 7 paroisses et 1 prêtres sous ma juridiction, alors que le diocèse au complet compte 64 prêtres et environ 3 000 fidèles.
Que pouvez-vous nous dire au sujet du climat qui règne dans le diocèse depuis que la scission a eu lieu?
C’est une situation très difficile où nous avons beaucoup de questions, mais peu de réponses. Bien qu’il y ait la guerre en Ukraine et que Crimée est sous la domination russe, l’Eglise catholique peut encore exercer son ministère, mais nous ignorons tout quant à notre avenir.
Comment votre diocèse se mobilise-t-il à la suite de cette situation difficile?
Après la prise de contrôle de la Crimée par la Russie, Aide à l’Eglise en Détresse (AED) et une autre organisation m’a contacté et m’a demandé si j’avais besoin d’aide à laquelle AED a immédiatement répondu. Je suis très reconnaissant de ne pas avoir été abandonné. Nous avons reçu de l’aide médicale et aussi de la nourriture à distribuer parmi les pauvres dans les paroisses.
Que pouvez-vous nous au sujet du prêtre qui a été enlevé dans l’Est de l’Ukraine?
Je sais qu’un prêtre a été kidnappé et libéré une semaine plus tard, grâce aux efforts des évêques et aussi grâce au Patriarche de Moscou. Ils ont joué un rôle clé pour sa libération. Il a repris son travail, mais l’évêque le limité à son ministère loin de la région où la guerre a lieu D’abord parce que c’est dangereux et pour éviter toutes situations imprévues.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les besoins réels en ce moment?
Les besoins sont très grands et variés car ce territoire est celui où notre travail le plus élémentaire et fondamental a commencé il y a tout juste 25 ans. Tout d’abord, nous avons besoin de prêtres et aussi de religieuses qui pourraient nous aider dans le travail d’évangélisation. En Crimée, nous célébrons la messe, en trois langues: surtout en russe, mais aussi en anglais pour les étudiants en provenance de l’Inde et de l’Afrique pour Simferopol ainsi qu’en espagnol pour Sébastopol. Et parfois même, nous célébrons en ukrainien et en polonais. Si j’avais plus de prêtres, je serai en mesure d’ouvrir plusieurs nouvelles paroisses.
J’aimerais inviter un ordre contemplatif de sœurs qui prieraient et soutenir cette mission d’un point de vue spirituel, car, compte tenu du défi incroyable défi que nous devons relever, nous avons besoin de soutien spirituel. Aussitôt que j’aurais trouvé un ordre religieux qui voudrait venir et travailler avec nous, je souhaiterais également leur faire construire un monastère pour pour lequel j’aurai besoin de fonds. En Ukraine il y a des Sœurs Carmélites dans quelques autres villes (Kiev and Kharkov), que nous sommes très heureux d’avoir en Ukraine. C’est une dimension essentielle pour l’évangélisation.
Avez-vous d’autres projets pour votre diocèse?
Si la situation se stabilise, alors mon objectif serait de faire construire une cathédrale parce que nous utilisons un très petit emplacement présentement pour célébrer la messe et rencontrer des gens. Il y a maintenant 20 ans que nous attendons l’autorisation de construire une église. Ainsi, le temps nous le dira, mais nous aimerions également construire des installations pour les prêtres et pour les réunions avec les paroissiens.
©AED/ACN
Ce projet sera soumis à ACN?
Oui. AED s’occupe principalement de ce type de projet. Et comme je l’ai mentionné, nous essayons depuis 20 ans d’obtenir la permission de construire une église. Plus récemment, j’ai discuté avec l’archevêque orthodoxe Mgr Lazar qui est le représentant du Patriarcat de Moscou à Simferopol ; il a démontré une certaine ouverture pour un tel projet. C’est pourquoi certaines choses ont déjà été dans le but de faire progresser cette idée de construction d’une co-cathédrale et d’autres installations. Toutefois, tout a été arrêté après la prise de contrôle de la Russie et nous ne savons pas si nous devrons recommencer le processus depuis le début ni ce qu’il adviendra avec le projet.
Comment les gens de votre diocèse ont-ils réagi après le tragique crash d’un avion Boeing de Malaysia Airlines qui a causé la mort de 298 personnes le 17 juillet dernier?
Ce fut un très grand choc pour tout le monde. Nous avons prié pour tout le monde pour les supporter. Nous avons prié tant pour les agresseurs que pour les victimes. Nous avons trouvé cette situation effrayante quand nous avons appris que ces personnes avaient été dépourvues de toute leur dignité. Quand on pense que des malfaiteurs ont volé leurs vêtements, leurs biens, leurs cartes de crédit et tout ce qu’ils pouvaient trouver autour d’eux. Les victimes n’ont pas été traités comme des êtres humains …
Nous avons récemment appris qu’il y aurait des élections le 26 octobre. Quelle est la position de l’Église? Encouragez-vous les gens à voter?
L’Eglise catholique de rite latin prie pour seulement pour que les élections soient bonnes et rigoureuses et aussi pour que ce que ce soit des personnes sages qui soient élues pour ce pays. L’Ukraine souffre tellement et depuis si longtemps. Il est donc temps que ce pays soit gouverné par de bonnes et sages personnes. Nous avons aussi besoin de fervents pour la pais, parce que quand la guerre a lieu, tout le monde souffre, les familles et les enfants et ce, tant ukrainiens et que russes. La guerre déchire les gens et les familles de part et d’autre.
Pouvez-vous nous en dire plus à propos de l’impact de ce conflit sur les familles?
Il y a beaucoup de mariages mixtes entre les peuples russes et ukrainiens. Cette guerre a effectivement créé des blessures incroyables dans les mariages et les familles de même que dans la société et les Églises. Alors, nous prions pour la guérison et la réconciliation, parce que cette guerre a fait d’incroyables ravages sur cette nation. Nous prions pour une solution qui créerait une nouvelle civilisation qui n’utiliserait pas la force pour résoudre les problèmes, mais qui trouverait une voie par le dialogue et le respect mutuel. Ainsi construirions-nous une nouvelle société.
©AED/ACN
Enfin, avez-vous un message à transmettre à nos bienfaiteurs?
Je voudrais tout d’abord leur demander de prier pour la paix en Ukraine. Et puis, je tiens à les remercier au nom de tous les missionnaires là-bas pour leurs prières, leur solidarité et aussi leur soutien matériel. J’étais très heureux d’apprendre que j’aurais la chance de rencontrer le personnel de l’AED au Canada. Je voulais remercier la population du Canada et de l’Amérique du Nord pour leur soutien.
Cette année, nous célébrons le 25e anniversaire de la présence des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée en Ukraine. Et si nous avons atteint certains objectifs dans nos différents ministères en Ukraine, lors des 25 dernières années, nous le devons à de nombreuses personnes dévouées. Nous tenons cependant à remercier particulièrement l’AED.
J’aimerais conclure par une phrase – soutenons-nous les uns les autres. C’est la meilleure façon de construire un monde meilleur et une meilleure société. Quand nous partageons nos prières et nos biens matériels avec l’autre, le monde devient un endroit meilleur pour vivre.
Si vous êtes intéressé à contribuer une aide financière pour ce projet, veuillez téléphoner au: (514) 932-0552 poste 226